Les technologies financières, plus communément appelées fintechs, redéfinissent à grande vitesse les contours de l’industrie des services financiers dans le monde entier. Grâce à l’innovation technologique, à des modèles d’affaires agiles et à un soutien croissant des institutions publiques, ces entreprises émergentes transforment non seulement les habitudes de consommation, mais aussi la structure même du secteur financier. L’analyse porte sur deux pôles particulièrement actifs dans la transformation des services financiers : l’écosystème fintech du Québec, centré à Montréal, et celui des Émirats arabes unis, mené par les initiatives de Dubaï et d’Abu Dhabi, qui renforcent leur position parmi les acteurs mondiaux du secteur.
L’écosystème des fintechs au Québec est considéré comme l’un des plus actifs et évolutif en Amérique du Nord. Depuis 2024, l’écosystème, centralisé à Montréal, comporte plus de 275 entreprises actives, avec près d’un tiers de celles-ci fondées durant les 5 dernières années. (Station Fintech, 2025) Les plus grands secteurs de développement pour les entreprises régionales sont les services B2B, les services de paiements (PayTech), les services de prêt (LendTech) et les applications faisant fort de l’intelligence artificielle et de la science des données. Le secteur a rapatrié plus de 430$ million en termes d’investissements dans ses startups, ce qui représente près de 30% des investissements en fintech à travers le Canada. (Station Fintech, 2025)
Finance Montréal, la plus grande force motrice derrière l’écosystème québécois, soutient les entreprises de fintech montréalaise de nombreuses façons afin de les pousser à évoluer et à s’agrandir. Maîtres de la Station FinTech Montréal, l’organisation supporte les entreprises sous ses ailes dans la recherche de financement grâce à des partenariats avec des investisseurs privés. (Finance Montréal, 2018) Ce hub d’innovation prometteur permet également de nombreuses opportunités de réseautage entre les différentes startups du milieu avec les grands acteurs de l’écosystème. Tout cela est possible par le Forum FinTech Canada, un évènement de taille internationale qui regroupe des investisseurs et des entrepreneurs d’à travers le monde afin de leur permettre de présenter leurs solutions novatrices, innovantes et émergentes.
On retrouve également plusieurs hubs d’entreprenariat à Montréal, notamment l’Espace CDPQ, qui guide plusieurs entreprises, incluant des fintechs, vers l’évolution fructueuse de chacune des firmes incubées. Entre autres, l’espace CDPQ offre une variété de ressources, comme du mentorat, un vaste réseau d’investisseurs et des bureaux dédiés. Les entreprises en fintech peuvent donc profiter du partenariat entre Finance Montréal et l’Espace CDPQ pour évoluer dans un environnement encadré par deux géants de la fintech au Québec. (Finance Montréal, 2018) Finalement, l’Autorité des Marchés Financiers joue un rôle important dans la régularisation des entreprises financières au Québec. Ils supportent activement l’effort de développement des fintechs de la région en les encadrant au niveau régulatoire, qui lui-même est en constante évolution. (AMF, n.d.)
De l’autre côté du globe, Abu Dhabi et Dubaï se positionne comme l’un des plus grands innovateurs en fintech au monde, prenant dès lors le titre de hub fintech le plus développé dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA). (DIFC, n.d) S’approchant déjà d’une taille de marché de près de $3.56 milliards USD pour 2025, la taille du secteur d’ici 2030 pourrait approcher les $6.43 milliards USD, pour une croissance d’environ 11 à 14% par année. (Mordor Intelligence, 2024) 4 grandes tendances dirigent ce développement soudain, soit la naissance des néo-banques et la digitalisation des banques traditionnelles, l’avènement des portefeuille électroniques et du paiement sans contact, l’intégration croissante des cryptomonnaies et de la blockchain, ainsi que la présence grandissante des services d’assurances digitalisés (InsurTech). (Funding Souq, 2025)
Le secteur de la fintech et de l’innovation de Dubaï se positionne comme joueur inestimable dans la croissance du pays. Composant près de 10% du GDP de la ville, le gouvernement s’assure de soutenir les initiatives portées par le secteur. (Fintech Global, 2024) Entre autres, l’attraction de talents internationaux joue un rôle crucial dans l’évolution et l’innovation des entreprises fintech. Cependant, le point le plus focal de l’écosystème fintech de Dubaï repose sur la capacité d’adaptation des régulateurs à l’évolution de l’innovation. D’un côté, le DFSA (Dubai Financial Services Authority) s’occupe de l’établissement des régulations et des cadres pour les actifs digitaux ainsi que les services financiers offerts. (The United Arab Emirates Governement, 2024) D’un autre côté, la présence du VARA (Virtual Assets Regulatory Authority) renforce le cadre réglementaire associé aux actifs digitaux de la région de Dubaï, à une exception près : le DIFC Innovation Hub.
Le DIFC (Dubai International Finance Center) Innovation Hub est le plus grand centre d’innovation aux Émirats, avec plus de 700 compagnies participantes. Allant de startups jusqu’à des firmes de « Big Tech », le programme du DIFC possède une branche spécialisée pour les fintechs : le DIFC FinTech Hive, qui a elle seule est formée de plus de 200 entreprises offrant des services financiers. (Funding Souq, 2025) Sous la forme d’une ruche, les fintechs résidentes ont accès à un réseau d’investisseurs privés, du marketing et un cadre régulatoire adapté à leurs besoins. Également, la présence de différents programmes d’accélérateurs, comme le FinTech Accelerator Program, permet aux entreprises d’évoluer et de propulser l’innovation à un rythme exponentiel. (DIFC, 2023) Ayant accès au réseau DIFC comportant plus de 25 000 professionnels, les fintechs de Dubaï peuvent se développer dans un environnement en constante évolution et adaptation, notamment au niveau des régulations flexibles pour ce domaine émergent.
Abu Dhabi furent les premiers, aux Émirats, à fonder leur écosystème. En 2016, ils implémentent un « regulatory sandbox » afin d’aider les entrepreneurs en fintech de près dans leurs initiatives. Soutenu par des investisseurs de renom tels que Abu Dhabi Investment Office, Abu Dhabi Holdings, Mubadala et Hub71, les fintechs ont aussi accès au ADGM Fintech Hub qui supporte directement l’écosystème financier de cette région des Émirats. Également, ADGM (Abu Dhabi Global Market) implémente le FSRA (Financial Services Regulatory Authority), un cadre régulatoire évolutif avec les poussées technologiques des fintechs. (ADGM, n.d.) Ils se positionnent donc comme le plus gros régulateur de la région, ainsi que le plus progressif.
La plus grande initiative de ADGM pour l’écosystème fintech d’Abu Dhabi est la création du ADGM RegLab, un « sandbox » pour les fintechs. Il s’agit d’un environnement contrôlé où les entreprises du secteur peuvent expérimenter avec de nouvelles technologie, services ou modèles d’affaires sans se soucier des restrictions freinant l’innovation. (The United Arab Emirates Government, 2024) Le « sandbox » permet également aux entreprises de ce réseau de tous partager les mêmes connexions entre régulateurs, innovateurs et investisseurs. Avec une collaboration étroite, les régulateurs peuvent s’adapter proactivement avec le développement de nouvelles technologies. Ils peuvent réduire la charge régulatoire normalement exigée des entreprises financières, ce qui accroit la souplesse de l’écosystème et favorise l’innovation. (ADGM, n.d.)
Tout d’abord, l’un des plus grands avantages de l’industrie fintech aux Émirats est que son avènement permet au pays de diversifier à nouveau ses activités économiques, dans un secteur complètement indépendant des énergies fossiles. Cela permet aux Émirats arabes unis de continuer d’évoluer hors de la ressource principale qui a propulsé sa croissance. Par la suite, l’environnement unique et les régulations en place permettent à Dubaï et Abu Dhabi d’attirer beaucoup de regards de la scène internationale. En plus d’inviter en abondance des talents de tous les coins du monde, les investissements en provenance de l’étranger sont également en forte croissance. L’évolution accélérée de l’écosystème de la région vient aussi renforcer la compétition globale, en poussant les autres pays à adapter leurs régulations pour suivre le rythme des Émirats. Finalement, le gouvernement offre plusieurs programmes d’aide à la croissance des PME ainsi que du support aux entrepreneurs afin de faciliter la naissance de nouvelles idées qui propulsent l’innovation.
Les Émirats arabes unis se distinguent par une approche proactive combinant soutien gouvernemental, ouverture à l’expérimentation technologique et adaptation continue de leur cadre réglementaire. Dubaï et Abu Dhabi misent sur des structures d’accompagnement solides, des programmes d’innovation ciblés et une capacité d’attraction internationale pour positionner la région comme un acteur incontournable du secteur fintech. En parallèle avec le Québec, on peut observer que l’AMF joue un rôle similaire à DIFC et ADGM. Cependant, il serait intéressant de voir l’AMF expérimenter de la même façon que les Émirats avec des « sandbox » régulatoire pour propulser l’innovation québécoise et potentiellement suivre le rythme d’expansion du Moyen-Orient.