L'intelligence artificielle (IA) et les technologies disruptives redéfinissent les modèles économiques mondiaux en bouleversant des industries et en créant de nouveaux marchés. Le Québec et les Émirats Arabes Unis (EAU) se positionnent comme des acteurs majeurs dans le développement et l'application de ces technologies, chacun adoptant des stratégies distinctes pour favoriser l'innovation et la croissance économique.
Le Québec est reconnu mondialement pour ses avancées en IA, notamment grâce à l'Institut Mila, fondé par Yoshua Bengio, lauréat du Prix Turing en 2018. Mila rassemble plus de 1 000 chercheurs et collabore avec des entreprises de premier plan telles que Google, Microsoft, Meta et IBM. (IBM Newsroom, 2020) L'institut excelle dans des domaines tels que l'apprentissage automatique, l'IA responsable et l'IA verte (Mila, 2025).
IVADO, un autre centre majeur de recherche en IA basé à Montréal, compte plus de 1 400 chercheurs et industriels partenaires. Il met l'accent sur la science des données et l'optimisation, en facilitant les collaborations entre la recherche fondamentale et les applications industrielles (IVADO, 2025). Montréal est aujourd’hui reconnu comme un centre névralgique mondial en IA, avec des entreprises innovantes comme Element AI (acquise par ServiceNow) et des pôles universitaires d’excellence.
De plus, le Québec bénéficie d’une concentration unique de talents en IA, grâce à un écosystème universitaire fort incluant l'Université de Montréal, McGill et Polytechnique Montréal. Cette synergie entre la recherche et l’industrie permet un transfert technologique rapide et efficace, facilitant la mise en place de solutions IA concrètes dans des secteurs variés tels que la finance, la santé et l’environnement.
La Stratégie québécoise de la recherche et de l'innovation 2022-2027 vise à renforcer la compétitivité du Québec en IA par des investissements en recherche et en développement (Gouvernement du Québec, 2025). Parallèlement, la Stratégie des sciences de la vie 2022-2025 soutient les innovations en biotechnologie et en IA appliquée à la santé (Gouvernement du Québec, 2022).
Le gouvernement québécois a également investi dans l’IA verte, notamment en soutenant des projets visant à optimiser la consommation énergétique des centres de données et à réduire l’empreinte carbone de l’industrie numérique (Hydro-Québec, 2022). Un programme d’incubateurs et de financements dédiés aux startups en IA a aussi été mis en place pour encourager l’entrepreneuriat technologique.
Les EAU ont été les premiers au monde à créer un ministère de l’Intelligence Artificielle en 2017. Leur objectif est d'intégrer l'IA dans tous les secteurs, d'améliorer l'efficacité gouvernementale et d'attirer les meilleurs talents mondiaux (UAE AI Office, 2025). Le programme AI Venture Fund finance les startups IA locales, tandis que Dubai Future Accelerators met en relation les jeunes entreprises avec les entités gouvernementales (Dubai Future Foundation, 2025).
En septembre 2023, les EAU ont publié Falcon, un grand modèle de langage open source, surpassant ceux de géants comme Meta et Google, renforçant ainsi leur position dans la course mondiale à l'IA (Technology Innovation Institute, 2025). L’initiative vise à établir un cadre de leadership en IA en fournissant aux chercheurs et entreprises un accès à des infrastructures de pointe et à des ressources de calcul avancées.
Les EAU visent à ce que l'IA contribue à hauteur de 14 % de leur PIB d'ici 2031, soit environ 145 milliards USD injectés dans l'économie (UAE AI Strategy, 2025). En 2024, Dubaï a dévoilé un plan directeur pour l'IA, incluant la nomination d'un PDG pour l'IA dans chaque entité gouvernementale et la création d'un incubateur d'IA et de WEB3, visant à attirer des innovateurs et des startups du monde entier (Dubai AI Roadmap, 2024).
Abou Dhabi a annoncé un investissement de 3,5 milliards de dollars pour intégrer l'IA dans les services gouvernementaux d'ici 2027, visant à établir une capacité de cloud computing souveraine à 100 % et à mettre en œuvre 200 solutions d'IA innovantes (G42, 2025). En parallèle, le pays prévoit la création de plusieurs zones économiques spéciales dédiées à l’innovation en IA, attirant ainsi des entreprises de haute technologie du monde entier.
Le Québec a opté pour un modèle de développement économique durable qui repose sur la recherche, l’éducation et l’innovation. Les universités et instituts de recherche, tels que Mila et IVADO, sont au cœur de ce système. Mila, par exemple, est un centre de recherche reconnu mondialement dans le domaine de l'intelligence artificielle (IA) et de l'apprentissage profond, contribuant à la création de solutions technologiques avant-gardistes qui répondent à des enjeux globaux. L’écosystème de recherche du Québec attire non seulement des chercheurs de haut niveau, mais permet également d’entretenir une synergie entre les universités, les startups, les entreprises privées et les acteurs gouvernementaux, ce qui constitue un terreau fertile pour l’innovation. Cette approche à long terme favorise la création de technologies durables, tout en assurant un impact direct sur l’économie par la formation d’une main-d’œuvre hautement qualifiée. Les entreprises québécoises bénéficient ainsi d'un cadre propice à la recherche fondamentale et appliquée, avec un soutien financier public à travers des initiatives comme le Programme d’aide à la recherche industrielle (PARI), qui soutient l'innovation technologique. (HelloDarwin, 2022)
En revanche, les Émirats arabes unis (EAU) ont adopté une stratégie plus pragmatique et orientée vers la recherche rapide de résultats économiques, en mettant l’accent sur l’attraction d’investissements étrangers et l’optimisation des politiques fiscales. Le gouvernement émirati a mis en place un environnement extrêmement favorable aux entreprises technologiques, en offrant des avantages fiscaux tels que l’absence de taxes sur les sociétés et des régulations assouplies pour les startups. Ce cadre stimule la croissance rapide de l’industrie de l’IA locale, en particulier dans les zones franches comme le Dubai Silicon Oasis (DSO, 2025), où les entreprises bénéficient de conditions idéales pour prospérer. De plus, les EAU se positionnent comme un hub régional pour l’innovation technologique, attirant des entreprises mondiales qui y établissent leurs sièges pour accéder au marché du Moyen-Orient et d'Asie du Sud-Est. Cette approche, bien que moins centrée sur l’éducation à long terme que celle du Québec, permet de faire émerger rapidement des centres d'innovation et de développement d'IA.
Au Québec, l'IA ne se contente pas de stimuler des secteurs technologiques mais joue également un rôle clé dans la transformation d'industries traditionnelles telles que la santé, la finance et l’environnement. L'IA permet par exemple d'améliorer les systèmes de santé grâce à la détection précoce des maladies ou encore l’optimisation des traitements médicaux à travers des algorithmes d'analyse des données. Dans la finance, des solutions d'IA alimentent les processus de prise de décision pour les investissements, en analysant des millions de données en temps réel pour identifier des tendances de marché. Cela génère de nouvelles opportunités professionnelles, surtout dans les métiers de la donnée, de l’analyse et du développement logiciel. Le Québec connaît ainsi une croissance de l’emploi qualifié dans ces domaines. Par ailleurs, l’introduction de l’IA dans la gestion environnementale aide à concevoir des solutions pour la gestion durable des ressources naturelles, en optimisant les processus de consommation d’énergie et en analysant les données climatiques pour mieux anticiper les catastrophes naturelles. (Les affaires, 2021)
De leur côté, les ÉAU, qui ont longtemps été dépendants des revenus du pétrole, cherchent à diversifier leur économie pour se préparer à un avenir moins dépendant des énergies fossiles. L’IA est au cœur de cette transformation, en particulier dans des secteurs tels que les transports, la logistique et la sécurité. L'initiative Smart Dubai est un exemple emblématique de cette démarche : cette vision ambitieuse vise à créer une ville entièrement connectée, où les services sont automatisés et optimisés par l'IA pour offrir une meilleure qualité de vie à ses habitants. Les projets de véhicules autonomes et d’optimisation des systèmes de transport public grâce à l’IA font partie de cette initiative, contribuant ainsi à créer de nouveaux emplois dans le secteur technologique. En parallèle, les ÉAU encouragent la formation d'une main-d'œuvre spécialisée dans l’IA en investissant dans des programmes d’éducation et des partenariats avec des institutions académiques internationales. Par cette stratégie, les ÉAU aspirent à devenir un leader régional dans le domaine de l’IA et à réduire leur dépendance vis-à-vis du secteur pétrolier, tout en créant une économie plus diversifiée et durable. (Government of Dubai, 2025)
Le Québec et les EAU illustrent deux visions distinctes du développement de l'IA et des technologies disruptives : l'une axée sur la recherche fondamentale et l'autre sur l'application industrielle et l'attractivité économique. Si le Québec continue d'exceller dans la recherche et la formation, les EAU se positionnent comme un hub d’innovation à l’impact immédiat. Ces approches, bien que différentes, révèlent le potentiel transformateur de l’IA à l'échelle mondiale.
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