L’adoption des critères ESG permet sans aucun doute d’améliorer la réputation d’une compagnie, puisque celle-ci aura tendance à renforcer la confiance des consommateurs qui sont de plus en plus attentifs aux performances extra-financières des entreprises. Cette stratégie a donc un impact direct sur la performance à long terme d’une compagnie et sur son accès au capital, car ignorer ces critères peut nuire à sa rentabilité et chaîne d’approvisionnement. Cela peut également empêcher une entreprise d’obtenir des conditions de financement plus avantageuses, telles que des taux d’intérêt réduits et des obligations vertes, ce qui nous amène au point de vue des investisseurs quant à l’adoption de ces critères.
En effet, l’adoption des critères ESG par une compagnie peut faire la différence dans les décisions des investisseurs, car ceux-ci pourraient privilégier des placements éthiques et responsables afin de concilier leurs valeurs personnelles avec leurs choix financiers. Une étude (NYU Stern) montre d’ailleurs que 58 % des recherches ont trouvé un lien positif entre les critères ESG et la performance financière des compagnies qui les adoptent, puisque leurs risques se retrouvent réduits, notamment en étant moins exposées aux sanctions, scandales et pertes financières.
L’objectif de la section suivante est de comprendre les différentes approches du Québec et des Émirats arabes unis par rapport à leurs lois, initiatives de conservation, objectifs climatiques et les défis auxquels ils font face.
La principale loi au Québec protégeant l’environnement et interdisant sa dégradation est la Loi sur la Qualité de l’Environnement (LQE). Son objectif est de sauvegarder les espèces vivantes, ainsi que de prévoir un système d’autorisation pouvant avoir un impact sur l’environnement. Les Émirats arabes unis possèdent également leurs propres lois sur la protection et développement de l’environnement, notamment la loi fédérale n° 23 et 24 de 1999. La loi fédérale n° 23 concerne particulièrement l’exploitation, la protection et le développement des ressources en eau vive dans les Émirats arabes unis, tandis que la loi n° 24 a pour objectif d’interdire la chasse, le transfert, la mise à mort ou l’élimination d’organisme terrestres ou marins.
Les Fonds des municipalités pour la biodiversité permettent aux municipalités au Québec de contribuer à la protection et à l’amélioration des milieux naturels sur leur territoire. Le gouvernement québécois a également mis en place le Plan nature 2030 dans l’optique de restaurer les écosystèmes et protéger les espèces menacées. Du côté des Émirats arabes unis, des initiatives ambitieuses ont été lancées en but de conservation de la biodiversité, notamment avec la plantation de 100 millions d’arbres de mangrove d’ici 2030, un objectif qui a été augmenté de 30 millions, ce qui est considérables.
D’ici 2030, le Québec s’est engagé à réduire ses émissions de gaz à effet de 37,5 % ainsi que d’atteindre la carboneutralité à l’horizon de 2050, tout comme les Émirats rabes unis qui ont pour objectif d’éliminer les émissions nettes de CO₂. Cet engagement phare est d’ailleurs soutenu par des projets tels que la centrale nucléaire de Barakah, qui fournira jusqu’à 25 % de l’électricité nationale et réduira les émissions de 22,4 millions de tonnes par an.
Comme il fut démontré précédemment, plusieurs initiatives ont été mises en place par le Québec et les Émirats arabes unis que cela soit au niveau législatif, au niveau de la conservation de leurs biodiversités respectives ou leurs objectifs climatiques, cependant de nombreux défis continuent de persister.
Les objectifs du plan stratégique pour la biodiversité, établi entre 2011 et 2020, n’ont pas été entièrement atteints au Québec et le plan actuel pour une économie verte en 2030 ne permettra qu’une réduction de 15 % par rapport au niveau de 1990, ce qui est largement en-dessous de l’objectif fixé. Et, malgré des avancées réglementaires, les Émirats arabes unis font tout de même face à des défis environnementaux considérables, notamment avec l’industrie des combustibles fossiles qui contribue à la pollution atmosphérique de manière considérable, créant par conséquent des risques majeurs pour la santé. Il est également important de noter que les normes actuelles en matière de qualité d’air aux Émirats arabes unis restent plus faibles par rapport aux normes recommandées par l’OMS.
Afin d’attirer des capitaux internationaux de nombreux organismes ont mis en place des programmes de soutien et des incitations fiscales, notamment le label ESG de la Chambre de commerce de Dubaï, qui encourage l’intégration de la durabilité dans les processus décisionnels et dont l’objectif est d’évaluer la maturité ESG des entreprises et fournir des rapports afin que celles-ci s’améliorent et renforcent leur attractivité auprès des investisseurs.
Du côté du cadre réglementaire, le groupe de travail sur la finance durable (SFWG) a publié des lignes directrices alignées sur les normes internationales (BCBS) afin d’exiger aux entreprises financières d’intégrer les risques climatiques dans leurs stratégies. Des obligations de reporting transparentes sont imposées par l’ADGM (l’Abu Dhabi Global Market) aux entités opérant sous sa juridiction afin de renforcer transparence et responsabilité. Le DIFC (Dubaï International Financial Center) possède également son propre système juridique, fiscal et réglementaire dont l’objectif est de favoriser la croissance des services financiers et d’attirer les capitaux internationaux.
Afin de partager de meilleures pratiques ESG au sein des Émirats arabes unis, plusieurs institutions internationales ou locales travaillent en étroite collaboration, notamment la CCI France UAE dont la mission est de partager des ressources clés pour aligner les entreprises sur les standards internationaux en lien avec la COP28 par exemple. L’ADGM et le SFWG, mentionnés précédemment, travaillent, quant à eux, avec des institutions comme le Comité de Bâle pour harmoniser les réglementations et éviter le greenwashing.
De nombreuses banques ont mis en place des initiatives de financement durable, ce qui facilite la transition des Émirats arabes unis vers la neutralité carbone, et ce à travers le lancement de programmes de financement vert par Emirates NBD et FAB, incluant des obligations durables.
Des cabinets spécialisés dans les critères ESG, tels que ESG Integrate et l’ONG Emirates Environmental Group, accompagnent les entreprises dans l’élaboration de stratégies ESG. Les processus d’obligations administratives pour les entreprises ont d’ailleurs été simplifiés par l’ADGM via des cadres réglementaires adaptés aux startups et PME.
Malgré leurs normes inadaptées et leur dépendance aux fossiles qui ralentit leur transition vers des énergies propres, les Émirats arabes unis prennent tout de même des initiatives, notamment avec des partenariats qui mettent en place des standards internationaux vis-à-vis des critères ESG, des banques majeures qui encouragent le financement durable, ainsi que leurs objectifs de carboneutralité d’ici 2050 et leurs lois fédérales visant à protéger la biodiversité.